Psychopompe
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Comme la plupart du temps dans le travail de Jean-François Courtilat, cette exposition se veut une réflexion sur des questions récurrentes en art : la mort, l'humour, le corps. Il propose un esthétisme parfois racoleur mais qui sous-tend un malaise. Dans les vidéos de Jean-François Courtilat, les mutations
ont parfois une violence suggérée comme dans la vidéo
"Camion" ou bien plus insidieuse comme dans la vidéo
"Cadenas". Si les deux vidéos de Jean-François Courtilat proposent
un univers violent mais toujours adouci par un élément extérieur
(divin?) qui amène une distance autant absurde que déstabilisante,
la grande série de dessins propose des sujets plus cruels, nous
confrontant à des corps qui s'ouvrent, déglutissent, irradient.
Ces dessins aux formats divers sont réalisés par ordinateur,
les images récupérées sur Internet ou prises dans
l'iconographie de la publicité ont été modulées,
amputées, retravaillées afin d'y amener une réflexion
sur les rapports humains, les blessures du corps ou de l'esprit, les mensonges.
Jean-François Courtilat y ajoute des prothèses, inventées
ou réelles, des sécrétions extravagantes
On retrouve cette idée de confrontation dans les installations d'objets : deux vélos de taille adulte mais à l'aspect étrangement enfantin se font face pour formaliser une rencontre, un dialogue éventuel, deux coqs se regardent prêts pour un hypothétique combat. Au delà de l'idée de confrontation, Jean-François Courtilat nous ramène encore à l'idée de transformation puisque tous ces objets sont constitués de sac en plastique thermo formés provenant de magasins d'une grande marque de distribution : le contenant devient le contenu. L'artiste répond ainsi de façon ironique à l'invitation de recyclage inscrite à même le support. A travers la matière plastique, les indications, logos et autres inscriptions nous renvoient au monde de la Consommation. Et cette installation, sans être une critique acerbe n'en reste pas moins un questionnement sur notre société (économie de marché, concurrence, publicité). Seuls deux lutins, sournois, malins, de plastique eux aussi, regardent la scène. Témoins de l'exposition, spectateurs des vidéos, se réjouissent-ils de ce qui va advenir ou de ce qui s'est déjà passé? Car pour créer des tensions, Jean-François Courtilat joue avec le temps, saisissant des situations latentes. Il propose toujours un avant ou un après dont les finalités sont univoques et questionnent les processus irréversibles, qu'ils soient infimes ou catastrophiques. Sensible à la réception des scénarii qu'il construit,
le plasticien invite David Rolland, chorégraphe, à investir
l'exposition le temps du vernissage. En proposant une performance qui
privilégie les images et les situations, David Rolland crée
des outils critiques qui s'intègrent au processus de création
lui-même, en lien avec le titre de l'exposition "psychopompe"
(qui conduit les âmes des morts). Ainsi, le chorégraphe anticipe
le déplacement mental du spectateur : il expérimente, souligne,
accentue, accompagne, transforme, bouleverse, questionne. Il propose des
actions physiques que chaque spectateur est à même de réaliser
mentalement et à défaut de conduire les âmes, il accompagne
la pensée critique. |