Vobis non irascor : vos omnes cacatores !

Ce titre en latin est à l’image des provocations avec lesquelles joue Jean-François Courtilat. Pure dérision d’un regard railleur, " gros mots " qui jettent les défroques des beautés figées dans une allure sarcastique. La désinvolture, la légèreté et l’artificialité ne sont que des faux-semblants qui masquent une amertume sous-jacente.

Dès l’entrée de la galerie, une joyeuse mise en scène s’anime sous des allures colorées et rassurantes. Alternativement au repos ou prêts à bondir, des chiens veillent et accueillent le spectateur. Bienvenue dans la parade des corps ou dans le mythe de Cerbère ! La pétrification du mouvement insiste ici sur la symbolique chthonienne ; le corps au repos est l’image d’une mort singulière en attente du retour subreptice de la vie.

Le surgissement de la forme, convulsivement grossière ou sculpturale, se concrétise dans sa lutte contre la pesanteur. Cette action de poser devant, sur, contre (prothésis), Jean-François Courtilat la suspend dans la fragilité de la tenue, dans l’angoisse de la perte de l’objet-support. La gestualité propre au sculpteur, le prolongement du geste qu’il pose comme prothèse, saisit l’idée même du corps. Il devient tour à tour objet animé, orifice polyvalent ou organe indéterminé. La Figure, c’est précisément le corps sans organes. Comme chez Artaud ou Bacon, il s’agit de défaire l’organisme au profit du corps, le visage au profit de la tête. Un des mannequins a la tête emprisonnée dans une boule de verre où des pensées claustrophobiques fourmillent allègrement !! Ou encore, ce boyau, cet organe indéterminé installé à même le sol, n’est-t-il pas l’objet d’une esthétique intestine, à peau découverte ? Ce frémissement excrémentaire de plumes dans un va & vient vestibulaire, n’est que symptomatique d’une fiévreuse " colite " !

Remous d’artificialités qui dessinent une réponse sans fin aux interminables interrogations existentielles : l’hypothétique coïncidence avec soi-même, et avec l’autre.

Jean-François Courtilat questionne ici l’esthétique relationnelle dans l’intimité, le " Moi-peau ". L’identification adhésive, cette enveloppe sur mesure, l’artiste la manipule en dessus et en dessous, à l’endroit et à l’envers. Il modèle les contraires sans cesse mis à l’épreuve dans l’assimilation même du corps-objet.

Le revêtement pseudo-épidermique - des sacs plastiques d’emballage - dont il pare ses mannequins, est seule et unique matière. Elle se mue et se transmue en contenant et contenu.

Cette expression plastique du " manque à être " se prolonge dans les performances chorégraphiques. Elle lie le corps aux mondes des possibles et l’incarne en " athlétisme-affectif ", en danse macabre. Les danseurs se heurtent, s’affrontent à leurs doubles : ces membranes plastifiées qui respirent, se gonflent et se dégonflent, vivent, râlent leur désir de vie, d’amour, de haine, d’attraction et de répulsion. L’émotion vitale prend alors une allure excessive et spasmodique, où les humeurs apparaissent et disparaissent dans un écho " technoïde ".

Cette oeuvre à multiples facettes, où Jean-François Courtilat invite à une lecture et relecture, jongle avec l’ambivalence d’un corps qui est simultanément chair socialisée et océan de déraison. Il est objet de jouissance, de souffrance, réceptacle accomplisseur ou transformateur du sens universel. Il dit la violence du désir et la fureur de la vie, dans le rapport à l’autre dans l’amour, la sexualité... dans un appel des profondeurs, du moi.

Chantal Vey.

Chantal Vey

2001

Sophie Rolland

2001

Muriel Durand- Garnier

2000

Pierre Giquel

1996

Anne Roudeau

1991

Catalogue
CV
QG
Dare-Dare Montréal
"Artem

Cité internationale universitaire de Paris "QU'EST-CE QUE L'ART DOMESTIQUE ?"

Art en DEPOT Vassivière en Limousin

Tohu Bohu Marseille
La Borne Château Renault
BBB Toulouse
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